Sharleen, Oh Sharleen,...

Sharleen, Brussels, Hotel President World Trade Center, Press Conference

Sharleen, oh Sharleen, Texas est bien le plus grand groupe écossais au monde doté de la plus belle chanteuse de l'univers.

Aimer Texas, ça ne s'explique pas, c'est comme ça. Depuis 1989 et "I Don't Want a Lover", au fil des quatre albums, on ne résiste pas à ce groupe dont le style propre et original est une fusion un peu magique entre la soul écossaise, la pop anglaise et le country-folk américain. Texas a grandi en restant lui-même : honnête et passionné, sérieux et bûcheur. Après un long silence, il nous est revenu avec "White On Blonde" et un son plus actuel qui ne renie pas l'esprit de Texas. Sharleen Spiteri ? Plus belle et sexy que jamais. Cela méritait bien quelques confidences en tête à tête...

Thierry Coljon.


Jamais vous n'aviez été, sur la pochette ou dans les clips, aussi sexy. Alors qu'auparavant, vous cherchiez plutôt à vous noyer au sein du groupe. Comment expliquez-vous ce changement qui fait plaisir à la terre entière ?

Je me sentais prête. Et puis le photographe est un de mes meilleurs amis, on s'est beaucoup amusés à faire cette session. Pour moi, c'était relax et naturel. Au début du groupe, je ne voulais pas que Texas soit comparé à tous ces groupes de rock avec une fille très sex au devant. On voulait que Texas soit considéré en tant que tel, en tant que groupe et que ce soit une chanteuse reste un détail. C'est pour ça que je ne donnais jamais d'interview ni ne faisais de photo toute seule. Maintenant que le groupe est établi, je n'ai plus de problème face à ça.

Trouvez-vous un plaisir à jouer dans ce registre ? Assumez-vous un rôle de sex-symbol ? Vous devez recevoir un fameux courrier de mecs vous déclarant leur flamme...

Ça m'amuse, oui. C'est drôle de se retrouver en couverture de tant de magazines. Mais je ne montre que mon visage, je ne me considère pas comme un sex-symbol. Ça reste chaque fois dans un cadre musical. C'est vrai que je reçois beaucoup de lettres mais ça reste très gentil, très mignon. Ça ne change rien à ma façon de vivre.

Où vivez-vous, là, maintenant ?

J'ai vécu un an à Paris à la fin de la tournée précédente pour avoir un peu la paix et rester près d'une amie enceinte dont le mari avait dû partir en Bosnie. Sinon j'ai une vieille maison à Glasgow, j'y ai construit un studio. Elle me sert surtout pour me reposer et voir ma famille et mes amis qui habitent toujours là. Pour le moment, je vis essentiellement à Londres pour le travail et parce que mon boyfriend y vit. Glasgow est ma retraite, Londres mon bureau. J'ai besoin de ces deux extrêmes pour mon équilibre. Glasgow restera mon chez-moi.

La force de Texas, n'est-ce pas justement de rester soi-même en prenant son temps plutôt que de courir après les modes ?

Je me suis toujours sentie très bien avec ce que je faisais. Même si notre succès assez rapide a suscité des jalousies, nous l'avons très bien vécu et nous sommes fiers de tout ce que nous avons fait jusqu'ici. On n'a pas à se plaindre, je crois que je suis restée deux ans sans donner des interviews et personne ne m'en a voulu. Là, tout le monde est très gentil et très élogieux à notre égard. Je ne pourrais pas vivre sans Texas, j'aime ce groupe. C'est vrai qu'on a pris notre temps pour faire ce disque mais je n'ai jamais arrêté de travailler dessus. La tournée à peine terminée, j'y pensais déjà. Avant d'entrer en studio, j'avais cinquante chansons. Je ne peux pas vivre sans musique, j'adore ce que je fais. Je ne m'imagine pas arrêter et faire autre chose pour revenir à Texas. Je n'ai plus pris de vacances depuis 1990. C'était avec toute ma famille sur une île en Espagne. Mais je suis plus du genre à grimper en haut d'une montagne qu'à m'étendre sur le sable.

Une carrière en solo, cela ne vous a-t-il jamais traversé l'esprit ?

Non jamais. Ça m'étonne toujours quand on me le suggère car Johnny est mon partenaire d'écriture. Si pour l'image, j'ai accepté cette fois-ci de me mettre en avant, cela ne change rien musicalement. On reste un groupe soudé. On continue de progresser. On avait tous envie que "White On Blonde" ait un son différent des précédents albums quelque chose de plus moderne, de plus ambitieux. Il a été très dur à faire, ce disque, car on avait fixé la barre très haut. L'idée était de ne nous imposer aucune limite, aucune règle.

Et en même temps, tout cela nous a paru très naturel. On voulait produire nous-mêmes ce disque et aussi faire des rencontres, qui ont donné lieu à des "overdubs" en cours de mixage. Il n'y avait pas de plan. On faisait des tests avec l'un ou l'autre (Mike Hedges qui avait fait le Manic Street Preachers par exemple) et on voyait après ce qu'il en sortait. Dave Stewart, je l'ai rencontré en faisant mon shopping à Covent Garden. Il avait son studio pas loin, on y est allé et en une après-midi, le morceau "Put Your Arms Around Me" était écrit.

On dit "White On Blonde" pour parler d'un ensemble vestimentaire ou d'une décoration très simple, très dépouillée et en même temps chaude. Avec des meubles en pin par exemple ou des vêtements en lin... C'est un peu l'idée de l'album : très nineties, très nature... dans lequel on se sent bien. C'est chaud, c'est léger.

Finalement, de la scène de Glasgow de la fin des années 80, vous êtes les seuls survivants...

Et pas que de Glasgow quand on voit ce qui est apparu en 1988. Il ne reste plus grand-monde étant apparu en Angleterre à cette époque. On est très fiers d'être écossais mais on n'a jamais forcé là-dessus. On se considère d'abord comme un groupe européen jouant une musique européenne. Dans "Say What You Want", quand je souffle "ah" "ah", ça vient de Serge Gainsbourg, "Je t'aime moi non plus". Il y a des milliers de trucs dans ce disque qui sont des références puisées un peu partout. Le disque n'est pas encore sorti aux Etats-Unis parce qu'on n'a pas le temps pour le moment d'y travailler la promotion, on est déjà en tournée en Europe. J'ai juste fait une interview pour le magazine "Interview" et je sais que les Américains trépignent après nous depuis ce show "Ellen", qui se sert d'un de nos morceaux, "So Called Friend". Toutes les semaines, l'invité de ce show le reprend, il y a déjà eu Captain Tennill, ZZ Top, Devo,... Par ailleurs, il y a un morceau de Texas qui figurera dans le soundtrack d'un film à venir. On peut attendre sa sortie pour faire coïncider la promo. Mais le disque marche tellement bien qu'on nous demande partout, on ne sait plus où donner de la tête. La semaine dernière, on était à Hong Kong. On doit encore aller en Australie puis retourner en Asie (Singapour, Malaisie), puis il y a les festivals d'été en Europe. En Belgique, on a gardé un bon souvenir de Torhout-Werchter mais Herman Schueremans ne nous a pas contactés. Je crois qu'on fera le Beach Festival. Le Japon, ce sera pour la rentrée... Je ne me plains pas, on a beaucoup de chance, je trouve.

Jamais voulu devenir actrice ?

Si, pour jouer Jeanne d'Arc. On m'a fait une série de propositions mais aucun rôle fort. Rien qui m'ait touchée. J'ai vu "The English Patient" : ça, ce sont des rôles que j'aurais aimés. Mon rêve aurait été d'être dans le nouveau "Star Wars". Un petit rôle avec un déguisement m'aurait amusée. J'aime l'action... Le film que j'ai adoré dernièrement, c'est "Chungking Express". D'ailleurs, le clip qu'on vient de tourner à Hong-Kong s'en inspire. Le kimono que je porte vient de là. La culture orientale m'a toujours intéressée.

Petite, étiez-vous un garçon manqué ?

Plutôt, oui. J'ai toujours été bagarreuse. J'en ai gardé les cicatrices d'ailleurs. Sur le front. Je me suis cassé plusieurs fois le poignet, le bras, la jambe... Le nez quatre fois... J'ai trop d'énergie en moi, il faut que je la dépense. C'est pour ça que je suis si bien sur scène. Quand je reste trop longtemps dans une chambre d'hôtel, j'ai envie de tout casser...



Article de Thierry Coljon.
Le Soir, Magazine des arts et du divertissement - MAD Mercredi 19 mars 1997 page 43.

Merci à Wim Vandermaesen pour la photo de la conférence de presse.


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